Diminuer les effets du changement climatique sur notre santé.
A LA REUNION
Le changement climatique est la plus grande menace pour la santé à laquelle l’humanité est confrontée, et les professionnels de santé du monde entier réagissent déjà aux effets pour la santé résultant de la crise en cours. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a conclu que pour éviter des effets catastrophiques sur la santé et prévenir des millions de décès liés au changement climatique, le monde doit limiter la hausse de la température à 1,5 °C. Les émissions passées ont déjà rendu inévitable un certain niveau d’augmentation de la température mondiale et d’autres changements climatiques. A La Réunion, par exemple, les zones urbaines directement concernées par l’augmentation constante des températures diurnes et nocturnes verront la formation d’Ilots de Chaleur Urbains (ICU).
Ces augmentations de température seront difficilement supportables par les populations qui résident dans ces quartiers, avec une incidence forte sur la santé publique, voire sur les politiques de santé publique.
Le changement climatique entraîne déjà des répercussions sur la santé de multiples façons, et notamment des décès et des maladies dus à des phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, comme les vagues de chaleur, les tempêtes et les inondations, la perturbation des systèmes alimentaires, l’augmentation des zoonoses, des toxi-infections alimentaires et des maladies à transmission hydrique ou vectorielle, ainsi que des problèmes de santé mentale.
DANS LE MONDE
La crise climatique menace de réduire à néant les progrès réalisés au cours des cinquante dernières années en matière de développement, de santé mondiale et de réduction de la pauvreté, et de creuser encore davantage les inégalités sanitaires entre les populations et au sein de celles-ci.
Elle menace gravement la réalisation de la couverture sanitaire universelle de diverses manières, notamment en accentuant la charge de morbidité existante et en exacerbant les obstacles à l’accès aux services de santé, souvent au moment où ils sont le plus nécessaires.
Jusqu’alors, la dengue était principalement observée dans les zones équatoriales d’Amérique,d’Afrique et d’Asie. Les cas de dengue recensés en Europe sont de plus en plus nombreux. « La France métropolitaine pourrait très bien être concernée par une épidémie majeure dans les prochaines années », prévient Emmanuel Drouet. La dengue, « c’est le danger numéro 1 pour notre santé publique dans les années à venir : les moustiques sont déjà là et ont les compétences pour transmettre la maladie », dit le chercheur pour qui une telle épidémie aurait des conséquences « dramatiques car, comme pour le Covid-19, il n’existe pas de vaccin adapté contre les quatre souches virales de la dengue et les tests sérologiques ne sont pas opérationnels ».
L’expansion des insectes vecteurs de maladies comme les moustiques s’observe dans l’espace,mais aussi dans le temps. « La hausse des températures hivernales augmente leur période d’activité et de reproduction », explique Emmanuel Drouet. Les maladies dont ils sont vecteurs pourraient ainsi être « transmises de façon quasiment continue ».
C’est également le cas pour les tiques, des acariens se nourrissant de sang. Certaines tiques, les Ixodes ricinus, sont vectrices de la maladie de Lyme, qui peut entraîner de graves complications pour le système neurologique, le cœur et les articulations. « L’activité des tiques du genre Ixodes bat son plein à des températures douces, elles sont présentes plus longtemps dans l’année avec le changement climatique », explique Karine Chalvet-Monfray, épidémiologiste des maladies animales et zoonotiques.