Le changement climatique dans le monde et à La Réunion : Etat des lieux et politiques d'adaptation

Le changement climatique dans le monde

En 2022, la température moyenne sur la planète était supérieure d’environ 1,15°C à sa valeur préindustrielle (période comprise entre1850-1900), et cette hausse s’accélère… En effet, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) constate que la hausse de la température globale s’est encore accentuée, à un rythme qui fera très probablement dépasser le seuil de 1,5°C de réchauffement depuis l’ère industrielle entre 2021 et 2040 …

Dans le monde, des millions de personnes souffrent déjà des effets des phénomènes météorologiques extrêmes exacerbés par le changement climatique : de la sécheresse prolongée en Afrique subsaharienne et à Madagascar aux tempêtes tropicales qui balaient l’Asie du Sud-Est, les Caraïbes et le Pacifique. Les ravages que le changement climatique entraîne et continuera d’entraîner sont un signal d’alarme pour l’humanité.

Cette année encore, les températures caniculaires ont causé des vagues de chaleur meurtrières en Corée du Sud, en Algérie et en Croatie. De graves inondations ont frappé le Pakistan, alors que Madagascar subit des sécheresses prolongées qui ont entraîné un accès limité à la nourriture pour un million de personnes. En juillet et août 2023, de gigantesques incendies suivis d’épisodes de pluies diluviennes ont ravagé des hectares en Grèce tandis que des méga feux meurtriers ont endeuillés Hawaï.

Le GIEC, principal organe international chargé d’évaluer le changement climatique, a prévenu que les « émissions mondiales de gaz à effet de serre devraient atteindre leur valeur maximale avant 2025 », puis diminuer de 43 % d’ici à 2030 pour limiter le réchauffement à environ 1,5 °C et éviter la catastrophe totale.

Les phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique, comme les inondations et les feux de forêt, détruisent déjà des habitations et provoquent des déplacements de personnes. La sécheresse peut également entraîner de graves modifications de l’environnement, et la montée du niveau de la mer menacerait 500 millions à un milliard de personnes selon une récente étude [1]

[1] Benjamin H Strauss et al 2021 Environ. Res. Lett. 16 114015

Le changement climatique à La Réunion : l'île n'est pas épargnée
« LO SANZEMAN KLIMATIK I AGARD NOU TOUT »

Depuis 1970, la température moyenne à La Réunion a augmenté d’environ +0,9°C, avec une accélération à partir des années 2000. 

Bien que la situation géographique de l’île nous permette d’être relativement épargnés par les dômes de chaleur, les projections climatiques montrent que le réchauffement annuel des températures va se poursuivre au moins jusqu’en 2050 (et quel que soit le scénario). Il se traduira par l’augmentation de jours et de nuits chaudes. Les cyclones, s’ils ne sont pas plus nombreux, devraient être plus intenses et concerner davantage La Réunion. Enfin, en parallèle de l’augmentation des pluies intenses, l’île devrait connaître une baisse moyenne des précipitations et une augmentation des périodes sèches.

Si l’on ne fait rien, le réchauffement pourrait atteindre 4°C par rapport à la période 1976-2005 selon les dernières simulations.
A La Réunion, Kom ki di : Lo tan lé pi parey, le changement climatique, par l’intensité et la diversité de ses effets, nous concerne tous.  « LO SANZEMAN KLIMATIK I AGARD NOU TOUT »

Pour en savoir plus sur les scénarios qui concerne le climat à l’horizon 2100, le média Now U, en partenariat avec Réunion La 1ère et Météo France proposent un décryptage sur l’impact du changement climatique à La Réunion en cliquant sur le lien ci-dessous.

Media Now U

Destinée aux citoyens, l'application Climat-HD, climat d'hier et de demain, offre une visualisation simple, accessible à tous, et actualisée de l’état des connaissances sur le changement climatique, socle indispensable pour permettre à la société d’en anticiper les conséquences. Vous pouvez y accéder en cliquant sur le lien ci-dessous.

App Climat-HD
Qui n’a pas encore souffert de l’augmentation du nombre de jours de chaleur à La Réunion ou d’une baisse soudaine des températures pendant l’hiver austral ?  Qui n’a jamais entendu ou dit la fameuse phrase « Il n’y a plus de saisons ! » ? Qui n’a jamais dit « Livèr la rant bonèr » ou « la saison letchi lé en retard » ?

Les causes du changement climatique sont maintenant bien connues   

Combustion de carburants fossiles
Agriculture et déforestation
Changement  d’affectation des terres 
Les activités comme le déboisement, la dégradation des forêts et les feux de forêt sont une autre source importante d’émissions.  Ces activités comprennent la transformation de zones forestières en pâturages pour l’élevage commercial, la production de cultures fourragères comme le soja et les plantations de palmiers à huile, et sont souvent étroitement liées aux systèmes d’alimentation agro-industrielle.

Les différentes activités humaines ont conduit à des concentrations records des gaz à effet de serre dans l’atmosphère depuis plus de 800 000 ans, avec la plus forte hausse observée cette dernière décennie. Les activités humaines en sont les principales responsables. Les deux tiers des émissions proviennent de notre modèle énergétique. Le GIEC constate que 80% de la hausse constatée depuis 1970 est liée à la combustion des énergies fossiles.

A La Réunion, la grande majorité des Gaz à Effet de Serre (GES) émis provient de la consommation d’énergies fossiles. Selon les derniers chiffres [1], en 2022, la production d’électricité est responsable de 41% des GES tandis que les transports émettent 53% (dont 36% pour le transport routier !).

[1] Bilan Energétique de La Réunion 2022, Editions 2023

Etude menée par lE CCEE en 2022-2023 - PHASE 1

Principales conclusions de l'état des lieux du changement climatique à La Réunion

Constat

✓ Augmentation des GES en raison des transports, la production d'électricité à partir d'énergie fossiles et du changement d'affectation des terres, la déforestation, l'agriculture intensive et l'exploitation des ressources
✓ Augmentation de 0.9 °C depuis 1970




Evolution du climat

✓ Augmentation de 4°C en 2100 sans politique d'actions ✓ Moins de 1°C d'augmentation avec des politiques d'actions
✓ Augmentation du nombre de journées et nuits chaudes
✓ Allongement de la saison sèche et diminution des précipitations entre 10 à 40% lors de cette saison
✓ Sécheresses plus sévères et plus fréquentes

Effets

✓ Hausse du niveau de la mer (+ 56cm en 2100 dans l'OcéanIndien)
✓ Recul du trait de côte
✓ Augmentation des événements météorologiques extrêmes (précipitations, sécheresses, etc.)
✓ Acidification des océans
✓ Blanchiment des coraux
✓Diminution du nombre de cyclones mais augmentation de leur intensité et modification de leur trajectoire plus au Sud

Vulnérabilités

✓ Impact sur les ressources naturelles : Biodiversité, l'eau, les ressources halieutiques
✓ Impact sur la population : Santé, aménagement, Transport
✓ Économie : Agriculture, pêche, tourisme, coût des dommages causés




Que faire pour lutter contre le changement climatique ?

Chaque année, presque 200 Etats se réunissent et déterminent les actions à mener pour lutter contre le changement climatique. En 2015, c’est en France qu’à eu lieu la COP21 et la naissance de l’Accord de Paris. Cet accord, signé par tous les pays signataires, a fixé l’objectif global de limiter les émissions de gaz à effet de serre entre 1,5°C et 2°C d’ici 2100.  

L’Accord de Paris, ratifié par 191 pays, prenait également acte du fait qu’en dépit de tous les efforts d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre réalisés, une part du changement climatique était jugée inévitable. 

« Dans un monde où une grande part des émissions de gaz à effet de serre sont liées au transport, à l’habitat et à l’agriculture, il faut tirer parti de ce que font les citoyens des territoires, en réponse à des problèmes qui relèvent de l'urbanisme, de l’évolution de nos filières agricoles, de l’usage des transports, de la défense des zones naturelles, du développement de filières énergétiques locales, de la qualité de l’air, de l’eau et des sols, du soutien à l’organisation de la pêche ou encore de la biodiversité. »

Pour lutter contre le dérèglement climatique et réduire nos émissions, nous devons transformer le cadre de vie dans lesquels nous vivons et les secteurs économiques qui en dépendent : industrie, bâtiments et transports. Cette transformation est possible grâce aux progrès et aux innovations technologiques, à la baisse de leurs coûts et aux changements des pratiques et comportements et aux initiatives citoyennes, personnelles, associatives… 

Il est nécessaire de s'adapter

Face aux changements qui se dessinent, à La Réunion comme ailleurs, il est nécessaire de s’adapter au changement climatique. Il est important que chaque personne, à son niveau, s’implique et s’adapte aux changements climatiques. 

Mais du constat au passage à l’acte, il reste nécessaire de franchir des étapes essentielles :

Informer les habitants sur les conséquences des changements climatiques sur leur vie quotidienne
Sensibiliser les usagers à l’adaptation aux nouvelles conditions de vie
Impliquer les citoyens dans la vie de la cité pour construire un avenir commun

L'implication citoyenne

L’implication citoyenne passe par des actions d’information et de communication spécifiques, qui expliquent les mesures prises par les collectivités, au niveau local, national ou international. L’expérience montre qu’elle est l’occasion d’associer de nombreux partenaires (universités, entreprises, associations, etc.) et de faire émerger une action locale coordonnée et collective.   
L’implication des usagers et des habitants est incontournable dans la fabrique des territoires et leur gestion.

La plateforme PANGAR

PANGAR est un outil de mise en lumière des initiatives d’adaptation au changement climatique, permettant à la fois de prendre connaissance de l’état des lieux du changement climatique à La Réunion mais aussi de faire connaître les initiatives que vous mettez en œuvre à votre échelle, dans votre cadre vie – à titre personnel ou en qualité d’association.